Un groupe d’experts formule des recommandations pour lutter contre les fake news
Une législation répressive n’est pas la solution pour traiter le problème des fake news et de la désinformation en ligne. Tel est l’avis des sept experts, à l’attention du vice-Premier ministre et ministre de l’Agenda numérique Alexander De Croo qui les avait chargés d’élaborer une série de recommandations opérationnelles pour traiter le problème de la désinformation en ligne. Le groupe d’experts belge opte résolument pour un modèle de concertation où tous les acteurs impliqués sont appelés à prendre leur responsabilité vis-à-vis de la qualité du débat public, et où la responsabilisation du citoyen et la transparence à son égard est préconisée.
“Les experts soulignent clairement dans leur rapport qu’une simple loi ne suffira pas pour s’attaquer au problème de la désinformation en ligne. Plusieurs parties prenantes, comme les plateformes internet, les journalistes et les organisations actives dans l’éducation aux médias ont entre les mains les éléments de la solution. Le rôle des pouvoirs publics est d’assembler les pièces du puzzle plutôt que de se prononcer sur la véracité des informations. Même son de cloche du côté de la consultation citoyenne que j’ai menée sur le sujet : pas de législation répressive ni de censure mais plutôt de l’éducation et des outils concrets qui aident les citoyens à mieux s’informer et à identifier plus rapidement la désinformation”, a déclaré Alexander De Croo.
Le groupe d’experts souligne que les tentatives de législation, entreprises à la hâte, notamment en France et en Allemagne, manquent parfois leur cible voire engendrent de nouveaux problèmes juridiques. Le groupe d’experts recommande cependant de ne pas être naïfs et estime que la désinformation en ligne représente bel et bien une menace pour notre démocratie.
Selon les chiffres du Reuters Digital News Report pour la Belgique, la moitié des Belges se disent préoccupés par les fausses informations et la désinformation en ligne. Seul un Belge sur cinq a des connaissances acceptables sur la façon dont on crée l’information et dont on la présente sur les médias sociaux. Il ressort des recherches menées par la Haute École Artevelde à Gand sur les fake news et la jeunesse que de très nombreux jeunes ont aussi des difficultés à distinguer le faux du vrai sur Facebook.
Sept recommandations
Les experts formulent concrètement sept recommandations, plaidant notamment pour que l’on étudie davantage l’impact des formes organisées de désinformation et les façons de lutter contre celle-ci. Ils en appellent aussi à une concertation permanente entre les différents acteurs concernés, y compris les plateformes de réseaux sociaux.
Le groupe d’experts voudrait que toutes les parties qui ont un impact sur la qualité du débat public prennent leur responsabilité et apportent leur concours à des solutions au problème de la désinformation. Ils invitent ainsi les plateformes de médias sociaux, le monde académique, les médias responsables et les organisations spécialisées à chercher des moyens de favoriser l’«éducation aux médias » et le journalisme de qualité et de concevoir des outils permettant aux citoyens de reconnaitre la désinformation et de bien s’informer.
Le groupe d’experts opte donc pour un modèle de concertation et de coopération, au lieu d’une législation répressive. Il juge utile d’examiner l’opportunité d’une législation sensée pour former un tout cohérent dans ce modèle.
La Belgique, un laboratoire
Les experts voient aussi en la Belgique un laboratoire potentiel pour expérimenter des projets sur la qualité des sources, la vérification de faits (fact checking), les outils favorisant le pluralisme de l’information, le développement de métadatas sur la diffusion de la désinformation pour les chercheurs et les initiatives en faveur de l’éducation aux algorithmes. La proximité des institutions européennes est, pour les experts, un atout.
Le ministre De Croo s’engage à initier la concertation entre tous les acteurs impliqués et le laboratoire. Il entamera à cet égard une concertation avec les autres ministres compétents au niveau fédéral et au niveau des entités fédérées.