Les projets de la Commission européenne pour le numérique: une première étape prudente
Les Commissaires européens Oettinger et Ansip ont présenté aujourd’hui les projets de la Commission européenne pour le marché unique numérique européen dans une Communication qui dévoile la stratégie européenne pour les prochaines années. La Commission européenne y met l’accent sur trois grandes priorités :
- améliorer l'accès aux biens et aux services numériques en Europe en éliminant les obstacles entravant les activités transfrontalières en ligne;
- permettre le développement des réseaux et services numériques en créant un environnement propice, comme une infrastructure à très haut débit sûre et fiable, une concurrence loyale et un « level playing field »;
- maximiser le potentiel de croissance de l’économie numérique européenne en investissant notamment dans les infrastructures TIC, l’informatique en nuage (cloud computing) et la recherche en Big Data.
Audace et ambition
Le gouvernement fédéral a présenté, voici quelques semaines, sa stratégie « Digital Belgium » destinée à faire de notre pays un des leaders du numérique. Le vice-Premier ministre et ministre de l’Agenda numérique et des Télécoms, Alexander De Croo, se réjouit de voir la Commission européenne dévoiler elle aussi ses projets pour le numérique.
« La société numérique offre des possibilités inouïes. La révolution numérique permet des avancées partout dans la société, allant des soins de santé à des secteurs peu technologiques tels que le secteur des taxis. Pour saisir ces opportunités, nous avons non seulement besoin d’audace mais aussi d’ambition, en Belgique mais aussi en Europe. Les plans de la Commission européenne sont un premier pas prudent dans la bonne direction, mais si nous voulons réellement accélérer l’évolution de la société numérique en Europe, il faut passer à l’action au plus vite. L’Europe a besoin d’une bonne dose de « mentalité start-up », a indiqué Alexander De Croo.
Marché de 500 millions de personnes
Les plans de la Commission européenne contiennent, aux yeux d’Alexander De Croo, plusieurs éléments positifs. Ainsi, les Commissaires Oettinger et Ansip misent résolument sur le commerce électronique transfrontalier en harmonisant et en simplifiant la réglementation.
“Pour les PME belges qui veulent se lancer dans le commerce électronique, c’est crucial. À l’heure actuelle, nos PME ne ciblent souvent que le marché national, soit 11 millions de personnes, car la réglementation diffère sensiblement dans les 28 États membres. Or, plus le marché dans lequel les PME opèrent en ligne est vaste, plus le potentiel de croissance et de création d’emplois est important. Avec un marché de plus de 500 millions de citoyens, l’Europe doit réellement faire la différence à cet égard.”
Le ministre de l’Agenda numérique et des Télécoms, Alexander De Croo, salue aussi l’attention qu’accorde la Commission européenne à la sécurité et à la gouvernance numériques, deux piliers que l’on retrouve également dans Digital Belgium. La Commission entend notamment faire appliquer le principe « only once » entre les États membres.
Manque d’attention pour les start-ups et l’innovation
Le ministre de l’Agenda numérique et des Télécoms Alexander De Croo pointe toutefois l’absence de plusieurs éléments cruciaux dans la Communication de la Commission européenne. “Le rôle significatif des start-ups et de l’entrepreneuriat numérique n’est pas suffisamment mis en avant. Un nombre croissant de jeunes gens souhaitent changer le monde grâce aux technologies. Les start-ups sont les laboratoires où les jeunes entrepreneurs conçoivent une nouvelle économie. La Commission ne peut ignorer la force que recèlent les starters, ils sont les moteurs de l’économie numérique.”
L’importance des compétences numériques pourrait aussi davantage être mise en exergue dans la Communication européenne. Si l’on veut que le marché unique numérique européen soit un succès, il faut impérativement miser sur les compétences numériques. La réussite des innovations technologiques n’est possible que si nous formons aujourd’hui en Europe les ingénieurs de demain.
Enfin, la Commission européenne va se pencher sur le rôle des plates-formes en ligne, ce qui est un élément positif, même si l’on ne sait pas encore bien comment elle va le faire. La Commission semble davantage préoccupée par le fait de réguler que de stimuler. Pour le ministre De Croo, il est effectivement important de garantir une concurrence loyale dans le contexte des plates-formes de commerce électronique, des app stores ou lorsque de nouveaux acteurs, comme Uber ou Airbnb, font leur entrée sur une marché traditionnel. Il met toutefois en garde qu’il n’existe pas de solution toute faite et souligne qu’il “faut surtout continuer à se demander comment permettre la percée de ces nouveaux modèles plutôt que de compliquer cette percée”.
Allié indéfectible
“La Commission européenne trouve en la Belgique un allié indéfectible pour passer à la vitesse supérieure et faire du marché unique numérique un succès. La révolution numérique sera dans les prochaines années l’un des principaux moteurs de la croissance, de l’emploi et du bien-être. L’Europe doit saisir ces opportunités”, a conclu le ministre de l’Agenda numérique et des Télécoms, Alexander De Croo.