La technologie et la numérisation sont la clé d’un développement durable
Le 24 octobre est l’anniversaire des Nations Unies, où le monde entier célèbre la ‘Journée des Nations Unies’. Cette année, la date de cet anniversaire coïncide avec celle de la Semaine Numérique. Ce n’est donc pas par hasard si les scientifiques, les entrepreneurs et les décideurs politiques du monde entier se penchent, dans les jours à venir, à Bruxelles, sur le lien fortement sous-estimé entre la numérisation, la technologie et le développement durable.
Qu’il s’agisse des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) ou des objectifs climatiques, nous ne pourrons les atteindre que si nous optons pour une innovation technologique radicale. Cette innovation ne vient pas seulement de Google et de Tesla, mais aussi – et peut-être même surtout – des entrepreneurs locaux et des talents créatifs.
VITO, l’Institut flamand pour la recherche technologique, organise, en collaboration avec quatre autres instituts de recherche d’Asie et d’Afrique, la toute première édition de la conférence G-STIC (Global Science, Technology and Innovation Conference). Le rôle, que la technologie doit jouer dans le cadre de la réalisation des objectifs de développement, est crucial. Qu’il s’agisse de l’éradication de la pauvreté et de la faim, de l’égalité de genre, de l’accès à l’eau propre ou de l’énergie durable : ces 17 ODD – SDG (Sustainable Development Goals) – sont extrêmement ambitieux. Une chose est en tout cas certaine : nous ne pourrons pas les réaliser en nous basant sur le principe ‘business as usual’. Les objectifs de développement requièrent une innovation technologique radicale, qui n’a pas été suffisamment exploitée jusqu’à maintenant.
Des solutions technologiques doivent être accélérables et évolutives pour avoir un impact optimal. La conférence G-STIC se consacrera principalement aux solutions intégrées, permettant de réaliser différents ODD en même temps. VITO a, par exemple, mis sur pied un projet de grand envergure en Inde, visant à traiter l’énorme quantité de déchets des rivières afin de purifier d’un seul coup l’eau qui sera potable. Deux problèmes qui coûtent beaucoup d’argent, mais aussi une solution unique qui apporte de l’argent. On peut donc tirer un bénéfice considérable de ces simples solutions intégrées, existantes, qui sont intelligemment combinées pour résoudre une multitude de problèmes.
C’est un préjugé populaire, mais totalement injustifié, de croire que toutes ces solutions technologiques viennent de l’Occident, qui prétend résoudre les problèmes du reste du monde. Il a déjà été prouvé que cela ne se passe pas comme ça. Heureusement, d’ailleurs. Ceux qui voyagent régulièrement en Afrique, auront certainement remarqué que bien des pays africains sont des pionniers en matière de paiement mobile, par exemple, ou de distant healthcare (soins de santé à distance). Un exemple, le Kenya et le Rwanda. Il faut avouer en toute honnêteté qu’ils nous dépassent aujourd’hui dans bien des domaines. Pourquoi cela ne serait-il pas le cas dans d’autres domaines ? La clé de l’innovation technologique réside dans ceux qui offrent des solutions abordables et accessibles aux problèmes les plus urgents et les plus graves.
Un deuxième malentendu repose sur le fait de croire que les solutions technologiques aux objectifs de développement durable relèvent essentiellement des pays et des autorités. Alors que les chefs d’état et les chefs de gouvernement discutaient de la formulation et de la ponctuation d’accords internationaux dans de grandes salles de conférence, des entrepreneurs du monde entier imaginaient et testaient des solutions technologiques pour relever les grands défis de notre temps. Tesla avec ses véhicules électriques, Google avec son Project Loon pour fournir un accès internet sans fil au monde entier en lâchant des milliers de ballons, mais également les entrepreneurs qui exploitent le CO2 comme matière première pour des matériaux de construction – comme solution au lieu de considérer le CO2 comme un problème – ou fabriquent des vélos avec le bambou partout présent.
Bernice Dapaah, fondatrice de l’initiative Ghana Bamboo Bikes Initiative et inventrice du vélo en bambou, est l’une des Young Global Leaders du Forum économique mondial (FEM). À la conférence G-STIC, elle représente une nouvelle génération d’entrepreneurs féminins. C’est très simple : les objectifs de développement durable sont très ambitieux et surtout trop urgents pour les réaliser avec seulement la moitié de la population mondiale.
La technologie peut sauver le monde, mais le manque de respect des droits de l’homme n’est que trop souvent un frein à l’innovation. Ce sont les idées folles et brillantes qui jaillissent, lorsque les gens sont libres, et qui sont à la base de presque chaque solution innovatrice. La créativité s’épanouit dans une oasis de liberté. En revanche, l’oppression des gens met l’innovation à sec.
La bonne nouvelle est que la révolution numérique est un moyen incroyablement puissant pour rétablir l’équilibre des forces entre les citoyens, les autorités et les dirigeants. À condition que les gouvernements saisissent les chances de la révolution numérique pour accélérer le développement et non comme moyen de répression. À nous de veiller à l’exploitation bénéfique de cette révolution numérique.
Alexander De Croo, Vice-Premier ministre et Ministre de l’Agenda numérique et de la Coopération au développement et Dirk Fransaer, administrateur délégué de VITO