La Coopération belge au développement entend se focaliser, dans les années qui viennent, sur les pays fragiles et les zones post-conflits. Elle opérera dans des régions géographiquement homogènes : l’Afrique du Nord et de l’Ouest et la région des Grands Lacs. Cet accent thématique et géographique permet d’éviter le saupoudrage et d’avoir une approche cohérente des problèmes transfrontaliers, tels que la paix, la sécurité, la stabilité régionale, le climat et l’immigration.
À contre-courant
La Belgique choisit aussi de mettre clairement l’accent sur les pays les moins développés (least developed countries). Le dernier rapport (avril 2015) du Comité d'aide au développement de l'OCDE révèle que l’aide publique au développement à destination des pays les moins développés et de l’Afrique sub-saharienne a reculé l’an dernier, respectivement de 16% et de 5%. En adoptant cette nouvelle liste, la Belgique va donc contre cette tendance.
“C’est précisément dans les pays les moins développés que l’aide publique au développement est la plus nécessaire. Ils ont beaucoup moins accès aux investissements étrangers, au commerce international et au marché des capitaux pour financer leurs besoins de développement. La Belgique voudrait consacrer au moins 50% de son aide publique au développement aux pays les moins développés et invite la communauté internationale à faire de même”, a indiqué Alexander De Croo.
Deux nouveaux pays partenaires
Deux nouveaux pays font leur entrée comme pays partenaires de la Coopération belge au développement : le Burkina Faso et la Guinée.
- Le Burkina Faso a été jusqu’en 2003, un pays partenaire de la Coopération belge au développement. Il vient de connaître des bouleversements politiques. En reprenant le partenariat avec le Burkina Faso, la Belgique entend soutenir de façon structurelle le processus de démocratisation balbutiant.
- La Guinée, l’un des pays les plus fragiles et les plus pauvres d’Afrique de l’Ouest, a été lourdement touchée par l’épidémie d’Ebola. Notre pays s’est engagé via des contributions financières et plusieurs interventions directes. Le laboratoire B-Life y a été actif durant trois mois. Maintenant que le pays et la communauté internationale commencent à maîtriser l’épidémie, la Coopération belge au développement entend fournir une contribution structurelle à la reconstruction du pays. La Belgique misera notamment sur le renforcement du système de soins de santé.
Six pays à revenus intermédiaires ne sont plus partenaires de la coopération gouvernementale : le Vietnam, le Pérou, l’Équateur, la Bolivie, l’Algérie et l’Afrique du Sud. Ces pays feront l’objet d’un programme de sortie (désengagement) de maximum quatre ans pendant lesquels les interventions en cours de la coopération gouvernementale seront achevées et d’autres formes de coopération seront élaborées, notamment avec les acteurs de la coopération non gouvernementale, comme les ONG et les universités.
Lutte contre le saupoudrage
Outre la nouvelle liste des pays partenaires, les organisations partenaires de la coopération multilatérale ont aussi été sélectionnées. La Coopération belge au développement compte actuellement vingt organisations partenaires multilatérales. Pour lutter contre le « saupoudrage » et mieux harmoniser la coopération multilatérale et la coopération gouvernementale, leur nombre est porté à quinze.
La nouvelle liste d’organisations partenaires contiendra quatorze organisations qui figurent déjà sur la liste actuelle. Elles y sont maintenues car leurs missions fondamentales sont proches des grandes orientations de la politique belge de développement : agriculture et sécurité alimentaire (FAO, CGIAR), santé (OMS, GFATM, ONUSIDA), droits de l’Homme (OHCHR), genre et droits des femmes (ONU-Femmes), droits de l’enfant (UNICEF), bonne gouvernance et consolidation de capacité (PNUD), démographie et droits sexuels et reproductifs (FNUAP), travail décent (ILO), migration (OIM), environnement (PNUE).
Une nouvelle organisation est ajoutée : la Tax Policy and Administration Topical Trust Fund (TPA TTF). L’adhésion structurelle à ce programme traduit l’importance d’une perception correcte des impôts pour le développement des pays. La croissance économique inclusive, la lutte contre l’extrême pauvreté et la lutte contre les inégalités ne sont possibles que si une perception correcte des impôts est mise en place.
Les organisations humanitaires (CICR, UNHCR, OCHA et PAM) sont protégées via l’AR du 19 avril 2014 relatif à l’aide humanitaire en tant qu’organisations humanitaires partenaires et ne doivent plus figurer sur la liste des organisations partenaires de la coopération multilatérale. Pour garantir la place de l’UNRWA comme organisation partenaire de l’aide humanitaire, l’arrêté royal de 2014 relatif à l’aide humanitaire sera légèrement adapté.
L’UNCDF (UN Capital Development Fund) sort de la liste car il fait partie de l’UNDP, les contributions au Programme des Nations unies pour les volontaires (UNV) seront progressivement supprimées et le Fonds international de développement agricole (FIDA) n’est plus retenu comme organisation partenaire en raison du chevauchement avec deux autres organisations partenaires, dont les missions principales ont trait à l’agriculture et à la sécurité alimentaire.