Davantage de solidarité et d’humanité envers les migrants
Eclairage Philippe Paquet Envoyé spécial à New York Par une singulière ironie, c’est au moment où New York est de nouveau confrontée à un acte de terreur que l’Organisation des Nations unies, réunie en Assemblée générale à quelques kilomètres du lieu de l’attentat, consacre ce lundi un Sommet aux réfugiés.
Eclairage Philippe Paquet Envoyé spécial à New York
Par une singulière ironie, c’est au moment où New York est de nouveau confrontée à un acte de terreur que l’Organisation des Nations unies, réunie en Assemblée générale à quelques kilomètres du lieu de l’attentat, consacre ce lundi un Sommet aux réfugiés et aux migrants, victimes de la violence dans des proportions sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Représentée par son vice-Premier ministre et ministre de la Coopération au développement, Alexander De Croo, la Belgique jouira d’une réelle visibilité lors de ce sommet parce que notre pays est au petit nombre de ceux qui font plus que leur juste part pour secourir et accueillir les réfugiés. Avec 170 millions d’euros cette année, notre aide humanitaire n’a jamais été aussi élevée. Dans ce budget, plus de 90 millions d’euros sont affectés aux réfugiés, pour répondre à leurs besoins les plus pressants (alimentation, santé...), mais aussi pour offrir un enseignement dans les camps.
“L’objectif du Sommet est de créer une dynamique pour améliorer le sort des migrants et des réfugiés partout dans le monde ”, explique Alexander De Croo. “ Le but est de parvenir à plus de solidarité internationale. A terme, la migration devra devenir un choix, et non une nécessité. ”
L’initiative d’Obama
S’il doit mener à la conclusion d’ici à 2018 d’un Pacte international sur les migrants et d’un autre sur les réfugiés, le Sommet de l’Onu risque de rester très formel, à la différence d’une initiative complémentaire prise par Barack Obama. Le président américain, dont ce sera la dernière participation à une AG des Nations unies, a invité une cinquantaine de nations, dont la Belgique, à un “sommet des dirigeants” sur les réfugiés mardi. Cette réunion devrait être plus concrète, estime M. De Croo.
L’intention est de convaincre les gouvernements d’augmenter de 30 % leur contribution à l’effort humanitaire (la Belgique n’en est pas loin puisqu’en 2016, elle a accru de 25 % son aide aux victimes de la crise syrienne), de doubler le nombre global de réfugiés admis à s’installer dans un pays d’accueil, et enfin de faciliter l’intégration de ceux-ci par l’éducation et l’accès au marché du travail (l’ambition est notamment de permettre à un million de réfugiés supplémentaires d’être scolarisés).
Des pays sous pression
La volonté est aussi, à New York, de mettre la pression sur certains Etats – la Russie, la Chine, le Japon, la Corée du Sud et les pays arabes entre autres – pour qu’ils manifestent plus de solidarité et mettent davantage la main au portefeuille. “ La plupart des réfugiés sont, en effet, accueillis dans les pays les plus pauvres (80 % des 21 millions de réfugiés le sont dans des régions en développement, et 26 % dans les pays les moins avancés ”, rappelle le ministre De Croo. La Belgique entend aussi insister sur la nécessité de ne pas seulement s’occuper des symptômes (en aidant les réfugiés), mais aussi et surtout de s’attaquer aux racines du mal (en supprimant les causes qui forcent les populations à s’exiler). Il entre évidemment ici une bonne part d’idéalisme puisqu’il s’agit de mettre fin aux conflits de longue durée, de promouvoir la bonne gouvernance, d’améliorer le statut de la femme (grâce notamment à la scolarisation généralisée des filles), de renforcer la résilience économique des communautés en Afrique (d’où provient un grand nombre de migrants).
Mieux utiliser les données
Une première étape pour trouver des solutions est de mieux comprendre le problème. C’est pourquoi la Belgique organisera, jeudi, une réunion sur les moyens de mieux collecter et mieux utiliser les données sur la migration, avec le soutien de Ban Ki-Moon, le secrétaire général des Nations unies, et de Peter Sutherland, le représentant spécial de l’Onu pour les Migrations internationales. Notre pays va par ailleurs adhérer, annonce Alexander De Croo, au Partenariat mondial pour les données de développement durable.