Discours

Discours conférence humanitaire sur la RDC (Genève)

Discours du vice-premier ministre Alexander De Croo, 'Humanitarian Donor Conference on the Democratic Republic of the Congo' (Genève, 13 avril 2018)

Je voudrais tout d’abord remercier l’OCHA, l’UE et les Pays-Bas d’avoir organisé cet événement. Cette toute première conférence des bailleurs pour la République démocratique du Congo intervient à un moment où le pays est confronté à l’une des crises humanitaires les plus complexes.

La violence et l’insécurité qui touchent plusieurs provinces de RDC provoquent une crise liée au déplacement dont l’extension est la plus rapide au monde. La RDC compte actuellement  un nombre édifiant de déplacés : pas moins de 4,5 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, le nombre le plus important d’IDP (internally displaced persons – déplacés internes) en Afrique, et le deuxième au monde après la Syrie.

Nous devons mettre fin à cette situation. Permettez-moi de développer brièvement quatre éléments essentiels.

Protection et accès

Tout d’abord, j’aimerais rappeler à tous les acteurs, y compris au gouvernement congolais, leur obligation de protéger leur population, en particulier les groupes les plus vulnérables – les femmes, les enfants et les personnes handicapées.

Toutes les parties doivent respecter le droit international humanitaire et devrait faciliter l’accès sûr et sans entrave du personnel humanitaire.

Financement humanitaire

Deuxièmement, le respect des principes humanitaires n’est que le minimum requis. D’urgence, nous avons besoin de moyens humanitaires.

L’an dernier, 58% seulement du Plan de Réponse humanitaire a été réalisé, soit l’avant-dernier taux de réalisation le plus faible en dix ans.

C’est un problème pour la communité internationale et cela entache notre responsabilité collective.

Et pour 2018, face au doublement des besoins de financements, les perspectives sont encore plus sombres.

C’est la raison pour laquelle la Belgique redouble ses efforts.

En 2017, la Belgium a mobilisé au total 17 millions d’euros de fonds humanitaires pour la RDC.

Cette année, je ferai passer la contribution de mon pays à 25 millions d’euros, un montant record qui exprime la solidarité permanente de la Belgique à l’égard du peuple congolais.

J’invite tous les partenaires à nous emboîter le pas et à se montrer plus solidaires avec le peuple congolais. Votre soutien est crucial pour sauver des vies et alléger les souffrances.

En plus de ces 25 millions d’euros d’aides humanitaires, directement affectées à la RDC, la Belgique entend contribuer à raison de 90 millions d’euros à des fonds sans affectation spéciale. Il s’agit d’une hausse de 10% par rapport à 2017. L’ensemble de ces partenaires sont  actifs en RDC.

Collaboration internationale

Troisièmement, face à la complexité et à l’ampleur des besoins en RDC, une collaboration internationale s’impose.

Les pays voisins déploient des efforts considérables pour accueillir le nombre croissant de réfugiés. Nous les remercions pour leur forte solidarité. Nous savons d’ores et déjà que si la situation continue à se détériorer, cela pourrait déboucher sur une crise régionale.

À un moment où l’insécurité est grandissante, la présence et l’engagement de la MONUSCO sont tout aussi importants. Je salue donc la décision du Conseil de Sécurité de l’ONU de renouveler le mandat de la MONUSCO, qui assure une protection contre les violations des droits humains et facilite l’organisation d’élections dans un climat pacifique.

Responsabilité au niveau local

Quatrième élément et probablement le plus important : la responsabilité au niveau local.

L’absence de la RDC à cette conférence est à la fois regrettable et incompréhensible.

Pour mettre fin à la souffrance humaine, il faut que les leaders congolais prennent cette crise humanitaire au sérieux.

Voilà pourquoi nous exhortons le gouvernement congolais à revoir sa position face à la crise humanitaire pour que nous puissions la résoudre ensemble.

Pour mettre fin à cette crise humanitaire, il faut éteindre le conflit et traiter les problèmes structurels, tels que la pauvreté et le sous-développement.

Pour permettre la paix, la sécurité et le développement, il faut qu’il y ait des institutions fonctionnelles et transparentes, et que soient organisées des élections crédibles et inclusives.

La Belgique est prête à investir dans le développement social et économique de la RDC, à soutenir l’organisation d’élections crédibles - à la fois sur le plan politique et financier - et à poursuivre son dialogue avec le gouvernement congolais.

 

Excellences, chers collègues,

Permettez-moi de conclure mon intervention en adressant quelques mots directement à la population congolaise.

Trop souvent, vous vivez des situations où vous êtes condamnés à votre fameux article 15, cet article imaginaire de la Constitution, selon lequel il faut se débrouiller pour survivre.

Votre débrouillardise et votre résilience sont devenues légendaires. Mais dans la crise actuelle, même l’article 15 fait défaut.

Sachez que vous n’êtes pas seuls, sachez que nous resterons à vos côtés. 

 

Je vous remercie.

 

Thank you